L’histoire de Rennes-le-Château est riche de nombreuses questions restées sans réponse. L'emplacement précis de la tombe de la marquise de Blanchefort et la raison pour laquelle elle a été enterrée dans le cimetière du village et non pas dans le tombeau des Seigneurs font partie de ces interrogations. Sur ce dernier point, pendant un temps, une explication emporta la faveur de quelques chercheurs croyant que le dit tombeau était réservé exclusivement aux hommes ! Mais l’argument tomba rapidement car donné en méconnaissance du plus ancien registre paroissial ouvert en 1694 qui précise bien au contraire qu’en :

« L'an mil sept cents cinq le trentième jour de mars est décédée, dans le château de ce lieu, dame Anne Delsol, âgée d'environ septante cinq ans, veuve de messire Marc Antoine Dupuy, sieur de Pauligne, ancien thrésorier de France de la généralité de Montpellier … (passage illisible) … elle a été inhumée le trente et un du dit mois, dans l'église de ce lieu, au tombeau des Seigneurs qui est auprès du balustre en présence dudit Maître Michel, curé de St Just et de Maître Antoine Delmas, curé des Bains enfoy dequoy. ».

Cette déclaration fut établie par l'abbé Vernat, prêtre recteur de Rennes-le-Château.

Il devient donc évident que, de par son rang, Marie de Nègre d’Ables, marquise de Blanchefort, devait être inhumée dans le tombeau des Seigneurs de Rennes. Mais, celui-ci disposait-il encore d’une place pour accueillir sa dépouille ? Difficile de l’affirmer aujourd’hui puisqu’on ignore en effet l’endroit précis où il est situé et le nombre d’emplacements qu’il contient. La présence jadis dans le cimetière de la sépulture du petit Joseph d’Haupoul, décédé en 1739 à l’âge de deux ans, semblerait confirmer qu’il était comble, bien que, confrontés à cette perte tragique, François et Marie d’Haupoul aient pu préférer inhumer leur jeune fils dans le cimetière, lieu plus accessible qu’un tombeau souterrain pour se recueillir.

Faute de motif certain quant au choix du lieu de la sépulture de la Seigneuresse de Rennes, une explication, historique celle-là, pourrait au moins partiellement le justifier.

La France, depuis toujours et particulièrement durant le XVIIIème Siècle, subit les ravages de la peste qui décime des villages entiers dans les régions les plus touchées, notamment le Languedoc. Pour tenter de préserver les populations de ce fléau, certaines mesures sanitaires urgentes et indispensables sont prises en haut lieu : le 15 mai 1776, le Roi Louis XVI adresse à l’ensemble du Clergé et aux seigneurs les lettres patentes ci-après.

Les consignes impératives données par Louis XVI interviennent près de cinq années avant le décès de la marquise qui eut lieu le 17 janvier 1781.